9:00 J’arrive au 68 avenue des Champs Élysées, l’adresse historique de la Maison Guerlain depuis 1914, classée et relookée. L’adresse. Moi pas. C’est le premier jour de la rentrée scolaire, j’ai sauté dans le métro après l’école primaire pas maquillée, à peine coiffée, habillée mais il en fallait de peu. Par pitié, un café.
9:30 Je re-découvre la nouvelle plateforme web Guerlain MakeUp, qui nous propose un programme quotidien (et heure par heure, ça y est vous avez saisi l’étonnante symétrie entre le site et mon article, ou l’inverse) égrenant des contenus audiovisuels, écrits et/ou illustrés allant du conseil d’application Terracotta ou Smoky Eyes, aux inspirations artistiques des collections maquillage en passant par le backstage des derniers shootings…
Olivier Echaudemaison, Guerlain Creative Director, est le maître de cérémonie de ce site riche et en constant mouvement. J’ai eu mon café, l’atmosphère est lumineuse.
10:00 Olivier Echaudemaison, Guerlain Creative Director, nous rejoint, chaussé de sublimes souliers Pierre Hardy, sa touche d’originalité à lui, qui ne peut tout de même pas se maquiller. Passionné, passionnant, Olivier Echaudemaison nous retrace son parcours, ses inspirations, nous entraine dans un récit foisonnant qu’on pourrait croire prêt à exploser dans tous les sens. Mais l’homme, drôle et déterminé, maitrise la logique de l’entretien et nous n’en ressortons pas perdus. Où l’on apprendra que dans les années 60, à ses débuts, les maquilleurs studio n’existaient pas. Jean Shrimpton se collait elle-même des faux-cils avant la séance et c’est tout. Twiggy, dont le mec était « artiste », lui faisait peindre ses yeux façons Pierrot Lunaire et c’est tout.
O.E s’empresse d’inventer le métier. Après un passage chez Estée Lauder puis chez Givenchy, Echaudemaison a toujours souhaité travailler avec une marque de mode (son premier amour), mais les créateurs de mode sont compliqués à gérer, il arrive chez Guerlain il y a douze ans. (À propos de Natalia: elle me fait tant penser à Romy).
10:30 Cet automne, on ne veut plus du paroxysme nude. Boring Beige. On veut du blush. Le blush donne bonne mine au cœur de la déprime hivernale, restructure le visage, rajeunit. Le blush se pose sur la pointe des pommettes et non plus dans le creux de la joue, trop Dallas. Non, c’est le glow que l’on recherche. Le blush s’assortit au rouge à lèvres. Ça tombe bien, le Rouge G est à tomber. Sa texture gloss se transforme en velours mat sur nos lèvres. On veut du mat aussi. Son packaging en métal lourd, renfermant un miroir, nous donne envie de nous remaquiller au restaurant à la fin du repas (comme l’ont toujours fait les parisiennes). Apparemment, les Japonaises passent une heure à se maquiller chaque jour, tandis que la Française est toujours trop pressée.
11:00 Olivier Echaudemaison nous entraine sentir quelques jus mythiques, près de l’orgue à parfums (on dirait du Boris Vian). Je me dirige ensuite vers la boutique pop-up (jouxtant la maison mère) pour une petite séance de maquillage sous les mains expertes de Myriam. Effectivement, au final, je suis très maquillée (un peu comme si j’avais passé une heure le matin devant mon miroir mais plutôt pour le soir, enfin, vous me suivez). Honnêtement je trouve que rouge à lèvres + yeux faits, ça fait un peu beaucoup (une amie en me retrouvant au bureau: « on dirait une danseuse classique russe! » Oui, mais qui va passer sur scène et moi, à 16h30, je retourne à l’école primaire…). En revanche, Myriam a énormément foncé et marqué mes sourcils et je trouve l’idée assez intéressante, à garder en tête pour une autre fois. L’épaisseur des sourcils est un sujet qui nous préoccupe bien chez BeSnob…
Crédit photo Jean Shrimpton: Listal